Nourris ton âme.

 


Cette réflexion m’est venue à la lecture de la dernière (excellente) publication de @honore_tes_besoins. Il y parle du lien entre entropie et métabolisme, entre la course du temps qui dégrade impitoyablement la matière et la lutte active de l'organisme contre la mort. Or il m'a semblé évident que ce qui vaut pour le corps vaut également, et plus encore, pour l’âme.

Car elle aussi a besoin d’être nourrie. Elle aussi décline si on l’abandonne. Elle aussi meurt lentement, sans bruit, sans symptômes visibles au premier abord ; la perte de foi n’est souvent, au fond, que le résultat d’une longue famine spirituelle.

Or si on ne nourrit pas notre âme avec Dieu, on la gave avec le monde ; avec du bruit, de la distraction, de l’immédiat, du charnel, on l'habitue au goût des choses faciles et, bientôt, elle n’a plus aucun appétit pour la prière, les sacrements, les lectures pieuses ; elle les rejette comme un organisme intoxiqué rejette la nourriture brute.

Elle n’a pourtant besoin que de cela,

De prière, de sacrements, de la lecture des Évangiles, des grands saints et docteurs de l'Eglise, de belles hagiographies, comme autant de nutriments qui non seulement la maintiennent en vie mais l'élèvent au-delà du naturel.

Personne ne conteste qu’il faille manger plusieurs fois par jour ; pourquoi faudrait-il rechigner à nourrir son âme quotidiennement ?

L'un est périssable, mais l'autre est éternelle.

Remettons donc de l'ordre dans nos priorités et, de même que nous avons soin de nos corps, ayons soin, grand soin, de nos âmes.


Nourris ton âme.

Tout ce qui n’est pas nourri finit par mourir.

Il n’existe aucun équilibre durable qui puisse se maintenir seul. Le mouvement n’est pas éternel, la chaleur se dissipe, la force décline, la beauté se fane, le corps s’use, les os s’érodent, les cellules vieillissent.

Et pour survivre, il faut lutter.

Manger, bouger, dormir ; recommencer,

Pour entretenir ce qui meurt un peu plus à chaque instant. 

Cela nous semble évident pour notre chair ; pourquoi refusons-nous de voir que la même loi s’applique à notre âme ? Pourquoi croyons-nous que la vie spirituelle peut subsister par elle-même ? Que la foi, une fois reçue, se transmettra sans peine aux jours suivants ? Que notre amour pour Dieu ne se laissera pas engloutir par l'épaisseur du monde ?

Les gens du monde vivent comme s’ils n’avaient pas d’âme et lui refusent le soin qu’ils accordent aux choses les plus triviales. Ils prennent le temps de remplir leur estomac, de muscler leur corps, de faire croître leur patrimoine, d’enrichir leur savoir; et ils laissent leur âme à l'abandon.

Ils repoussent l'inéluctable, 

Ils négligent l'infini.

Mais l'âme aussi se dégrade si elle n’est pas nourrie.

La ferveur se refroidit, la lumière s'atténue, lentement,

Lentement,

Jusqu'à s'éteindre.

Pas besoin de pécher gravement ; il suffit de ne plus regarder Dieu,

De ne plus écouter Sa voix,

Il suffit de ne plus prier, de ne plus lire, de ne plus recevoir les sacrements,

Il suffit de ne plus le ressentir, ce sentiment d'urgence, cette conscience d'un lendemain qui ne nous est pas promis, 

D'une mort indifférente à nos projets et qui pourrait nous faucher, là, dès aujourd'hui.

Il suffit de croire qu'il nous restera toujours du temps pour agir, que nos péchés ne sont pas si graves, il suffit de négocier avec soi-même pour se donner bonne conscience pour finir par glisse, sans même s'en apercevoir, dans cette zone grise, cette zone tiède où l’on se croit encore du côté de Dieu alors que l’on a cessé de Le suivre depuis longtemps.

Il ne suffit que d'un peu de distraction pour que la volonté s'étiole et que la foi s'attiédisse, 

Pour qu'on n'éprouve plus ni soif, ni désir de Dieu,

Car tout ce qui n’est pas activement ordonné à sa fin, tout ce qu'on ne hisse pas vers le haut, finit inéluctablement par se laisser corrompre et consumer. 

Il n’existe pas d’état spirituel neutre. On s’élève ou l’on chute, on avance ou l’on recule ; on vit ou l’on meurt.

L’âme ne se maintient pas en état de grâce comme un mécanisme s’autorégule ; elle demande un élan, un mouvement contraire à tout ce que la nature blessée en nous désire : le repos, la distraction, l’oubli. L’état de veille spirituelle est profondément contre-nature ou, du moins, contre notre nature déchue ; on n'y parvient qu'en puisant en Dieu les forces qui nous manquent naturellement.

Voilà pourquoi il ne suffit pas de croire en Lui ; il faut encore Le chercher, Le désirer, Le recevoir, L’écouter, Le servir,

Prier, se confesser, communier,

Lire, méditer, et veiller,

Pour vivre, 

Car là où la nourriture du corps ne fait que différer la mort,

Et ne nous garantit d'ailleurs même pas une vie plus longue,

Celle de l'âme remporte sur elle la victoire,

Définitive,

Éternelle.

Nourrissez donc votre âme comme vous nourrissez votre corps,

Abreuvez-vous à la Source toute divine, 

Ne différez pas le combat pour votre âme car, si la vie est courte, l'éternité l'est beaucoup moins,

Et il n'y a pas d'alternative ; il faudra la vivre,

Avec,

Ou sans Dieu.

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