Petits enfants, grandes âmes.
J’ai grandi exposĂ©e Ă des poisons spirituels dont personne ne m'a jamais protĂ©gĂ©e.
Je n'accuse pas mes parents ; ils n’avaient pas la foi et ne pouvaient de toute Ă©vidence pas transmettre ce qu’ils ne possĂ©daient pas. Mais j'ai lu très tĂ´t des livres dont les contenus n'Ă©taient absolument pas adaptĂ©s Ă mon âge, vu des images que mon cerveau n'Ă©tait pas en mesure de traiter, j'ai Ă©tĂ© nourrie d'une culture diamĂ©tralement opposĂ©e Ă tout sens du sacrĂ©, et je suis convaincue que toutes ces semences ont contribuĂ© Ă mon Ă©loignement de Dieu et Ă ma dĂ©gĂ©nĂ©rescence spirituelle une fois arrivĂ©e Ă l'âge adulte. Je pense mĂŞme avoir Ă©tĂ©, Ă certains Ă©gards, traumatisĂ©e sans jamais en avoir eu vraiment conscience.
Quand j'entends aujourd'hui certains parents, y compris croyants, dire qu’ils ne veulent pas "imposer" leur foi Ă leurs enfants, je ne peux pas m'empĂŞcher de croire qu'ils oublient que le monde, lui, ne fera pas preuve d'autant de scrupules et ne se gĂŞnera pas pour les abreuver de ses idĂ©ologies mortifères.
S’ils ne reçoivent pas la lumière, ils recevront les tĂ©nèbres; s’ils ne sont pas nourris de la vĂ©ritĂ©, ils se gaveront de mensonges.
Nous n’avons pas Ă attendre qu’ils soient prĂŞts. Ils le sont dĂ©jĂ .
Ce sont des âmes entières, spirituellement capables, profondément réceptives, faites pour la sainteté.
Leur combat spirituel commence dès aujourd'hui ;
Ă€ nous de les armer,
Ă€ nous de leur donner Dieu.
Petits enfants, grandes âmes.
J'ai le sentiment que l’enfance est encore souvent considĂ©rĂ©e, plus ou moins consciemment, comme une phase strictement biologique ou psychologique, un passage inĂ©vitable vers l’âge adulte, mais sans densitĂ©, sans poids mĂ©taphysique. Comme si l'enfant n'Ă©tait qu'une Ă©bauche d’homme, une forme infĂ©rieure d’humanitĂ©, vide encore de raison, d’intĂ©rioritĂ©, de vie spirituelle. Alors on attend qu’il grandisse, qu’il soit prĂŞt, qu’il dĂ©veloppe ses capacitĂ©s cognitives et morales avant de lui proposer autre chose qu’un univers Ă©dulcorĂ© et parfois simplifiĂ© jusqu’au ridicule.
Il me semble que cette vision est Ă la fois erronĂ©e et peu en accord avec la pensĂ©e chrĂ©tienne qui ne conçoit pas la dignitĂ© de la personne humaine comme un degrĂ© Ă atteindre mais comme une rĂ©alitĂ© intrinsèque Ă l'existence dès son origine. Chaque enfant, dès l’instant de sa conception, possède une âme immortelle, créée immĂ©diatement par Dieu. Il est un ĂŞtre spirituel dĂ©jĂ complet dans son essence, mĂŞme si ses facultĂ©s naturelles s’Ă©panouiront au fil du temps et, Ă ce titre, il est un interlocuteur de Dieu, au mĂŞme titre que nous. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les petits Saints du Ciel, rappelĂ©s très tĂ´t auprès du Père, peuvent devenir de grands intercesseurs pour ceux qui demeurent sur Terre ; leurs âmes ne sont des âmes d'enfant mais possèdent une sagesse supĂ©rieure Ă la nĂ´tre, puisque, contrairement Ă nous, ils vivent dans la gloire et la pleine connaissance de Dieu.
Il faut donc considĂ©rer que l'enfant est capable de Dieu, que son âme n’est pas un embryon d'âme mais Ă©ternelle et, comme toute âme créée par Dieu, faite pour connaĂ®tre, aimer et servir son CrĂ©ateur. Notre-Seigneur ne dit pas que les enfants deviendront dignes du Royaume mais qu’ils y ont dĂ©jĂ leur place et qu’il nous faut devenir comme eux pour y entrer, prĂ©cisĂ©ment Ă cause de la disposition intĂ©rieure qui les rend aptes Ă recevoir la vĂ©ritĂ© dans sa nuditĂ©. L’enfant, parce qu’il n’est pas encore alourdi par l’habitude, par la duplicitĂ© ou par l’orgueil, accueille ce qu’il reçoit avec une forme de puretĂ© ; ce que l’adulte complique par sa raison blessĂ©e, l'enfant l’accueille par l’intuition droite d’un cĹ“ur encore libre des attaches nĂ©fastes du monde.
Mais cette intuition ne suffit pas. L’enfant a besoin de recevoir, d’ĂŞtre nourri, formĂ©, guidĂ©. Pourquoi devrait-on le priver de la vĂ©ritĂ© sous prĂ©texte qu’il ne comprendrait pas ? C'est nous qui ne comprenons pas. On ne comprend pas que l’enfance est un âge d’exposition maximale Ă la lumière mais aussi aux tĂ©nèbres, que nos enfants sont extrĂŞmement rĂ©ceptifs Ă la prĂ©sence divine tout autant qu’aux influences dĂ©lĂ©tères de ce monde. Le dĂ©mon n'attend pas qu'ils atteignent l'âge de raison pour chercher Ă les possĂ©der. On le voit au nombre de rĂ©fĂ©rences Ă l'occulte complètement normalisĂ©s dans les livres, les jeux, les dessins animĂ©s qui leur sont proposĂ©s. Aux attaques incessantes contre les familles, les pères, les mères si rudement Ă©prouvĂ©es dans leur vocation. Si donc nous ne leur donnons pas le vrai, ils boiront le faux ; si nous ne formons pas leur conscience, c’est l’esprit du monde qui le fera.
Notre rĂ´le de parent ne consiste pas Ă retarder l’accès Ă la vĂ©ritĂ© mais Ă l’offrir de manière ajustĂ©e, progressive ; car ces âmes sont appelĂ©es Ă la saintetĂ© dès aujourd’hui, nos enfants sont appelĂ©s Ă vivre dans la grâce, Ă prier, Ă offrir, Ă discerner, Ă rĂ©sister au mal, autant d'habitudes qui sont les fondements d’une vie spirituelle possible dès l’aube de la conscience.
Mais si l’enfant est capable de saintetĂ©, il est aussi, et c’est tout le drame, exposĂ© très tĂ´t Ă ce qui la corrompt. On lui donne du bruit au lieu du silence, du divertissement au lieu de la contemplation et du mensonge au lieu du mystère ; on parle Ă son corps, Ă ses pulsions, Ă ses caprices, jamais Ă son âme, puis on se scandalise qu’il devienne un adulte dĂ©structurĂ©, incapable de verticalitĂ© et de sens du sacrifice.
Il ne faut pas s’Ă©tonner qu'un enfant Ă©levĂ© sans transcendance, sans aucun sens du sacrĂ©, devienne un adulte sans horizon. C’est dans l’enfance que l’âme s’imprègne des reprĂ©sentations les plus durables. Si Dieu n’est pas lĂ dès le commencement, si le nom du Christ n’habite pas le langage quotidien, si les rites, les vertus, la prière ne sont pas vĂ©cus concrètement dans les premières annĂ©es, si on ne lui donne pas les plus grands Saints pour modèles, c’est un socle entier qui manque et que la grâce devra pĂ©niblement reconstruire plus tard. Je parle en connaissance de cause. Notre responsabilitĂ© ne consiste pas Ă attendre l’heure favorable mais Ă coopĂ©rer dès maintenant Ă l’Ĺ“uvre de Dieu dans les âmes qui nous ont Ă©tĂ© confiĂ©es.
Il faut donc parler Ă nos enfants comme Ă des personnes entières, Ă qui l’on peut et l'on doit dire la vĂ©ritĂ© sans peur. La foi rĂ©pond Ă ce qu’ils portent en eux sans le savoir. De toute façon, il n’y a pas de neutralitĂ© Ă©ducative possible : l’absence et le vide seront forcĂ©ment comblĂ©s ; par la lumière ou par l'ombre.
L’enfant est une âme. Une grande.
Ce qu’il est en Dieu dĂ©passe de loin ce que notre Ĺ“il voit,
Et ce que nous lui donnerons aujourd’hui, en vĂ©ritĂ© et en grâces, il le portera avec lui, si Dieu le veut, jusqu’Ă l’Ă©ternitĂ©.
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