Ma foi m'a coûté une amitié ; et je suis en paix.

J’ai vraiment hésité à partager ça ici. C’est un événement personnel et je n’ai, dans le fond, à reprocher à cette personne pour qui j’aurai toujours beaucoup d’affection et qui n'est pas quelqu'un de mauvais. Si j’en parle, c’est parce que j’avais envie de dire qu’avoir la foi, parfois, c’est aussi ça ; devoir choisir entre la cohérence intérieure et le confort de l’autre, accepter des distances qu’on n’a jamais cherchées à établir et perdre quelque chose, ou quelqu’un, pour ne pas perdre l’essentiel.

Cette rupture amicale vient charrier mes plus grandes peurs et mes plus grandes blessures d'enfance ; la peur du rejet, de l'abandon, ma peur de ne pas être aimée, mon estime de moi au ras des pâquerettes et, pourtant : je suis en paix. Parfaitement en paix ; sans colère, ni rancoeur, sans véritable tristesse. Il m'a bien sûr fallu quelques jours pour appréhender l'événement, pour déposer ce que j'avais à déposer, pour lâcher cette main à laquelle je tenais tant, pourtant. Mais c'est fait, et je sais pour quoi je l'ai fait. Pour qui. Ça me suffit. 

Il est illusoire de croire que la vérité de l'Evangile peut cohabiter indéfiniment avec toutes les sensibilités. Enfin, si, elle le peut ; tant qu'on ne l'affirme pas. Pas trop fort.

Tant qu'on ne l'incarne pas, surtout,

Tant qu'elle ne déborde pas dans nos actes, dans ce qu'on est, dans ce qu'on dit et qu'elle demeure, bien silencieuse, à l'intérieur de soi.

Or, lorsque la foi devient le centre de notre vie et l'essence même de ce qui nous anime, c'est inévitable ; certaines choses changent. Nos convictions deviennent plus solides, notre façon de voir le monde, de le lire, nos priorités, tout cela se transforme peu à peu. Et, en fonction de ce sur quoi reposent les liens qu'on entretient avec les autres, ce changement de perspective peut quelques fois engendrer une tension naturelle entre ce que l'on est devenus et ce que l’autre attendait inconsciemment de nous.

 Alors on nous reproche indirectement ce que on n'a jamais cherché à infliger : une gêne, un inconfort, comme une dissonance que l'on n'a jamais créée mais qui se révèle, de fait, entre l'autre et soi-même. Il faut avoir le courage d’accepter cela. De ne pas le dramatiser, de ne pas s’en excuser non plus. 

Il y a des relations qui s'établissent sur des fondations instables et qui ne peuvent durer que si on se contente d'approuver et de valider l'autre de manière inconditionnelle ; dès lors que l'on adopte un discours contraire ou nuancé vis-à-vis de ce en quoi ils croient, même de manière charitable et bienveillante, même s'il ne s'adresse pas à eux, et même sans rien imposer, on outrepasse les limites du tolérable.

Ça ne fonctionne que dans ce sens. Il y a des valeurs que l'on peut revendiquer sans crainte ; celles de Dieu n'ont pas ce privilège. Les unes sont perçues comme des modèles et des inspirations, les autres comme des tentatives de correction condescendantes.

Mais je ne crois pas que l'on doive s'excuser d’être cohérent avec ce en quoi l'on croit. Nous n'avons pas à devenir tièdes pour rester dignes d'être aimés. Certaines personnes ne tolèrent vos convictions que tant que vous les portez comme un vernis, un bibelot qui fait joli ; dès lors que vous les incarnez, que vous les habitez vraiment, elles deviennent gênantes, comme une offense à ce que l'autre essaie, lui, d'incarner.

Je ne suis pas tiède, et je ne veux pas l'être. Mon cœur brûle pour mon Seigneur et je ne souhaite pas éteindre cette flamme pour rassurer qui que ce soit. Et s'il me coûte d'aimer Dieu pleinement, alors je paierai le prix ; parce que je sais ce que je perds mais je sais, surtout, ce que j’ai trouvé. Parce que je sais en Qui je crois.

Il faut parfois renoncer à être compris, renoncer même à être aimé comme on l’a été. On ne peut pas à la fois suivre le Christ et retenir à tout prix ceux qui perçoivent notre chemin comme une menace pour le leur alors que nous ne leur imposons rien et que nous nous contentons simplement d'être qui nous sommes et d'essayer, tant bien que mal, de vivre et de penser en enfants de Dieu.

Ça n'est pas facile, c'est un deuil à faire, mais il y a des mains qu’il faut accepter de lâcher pour mieux tenir la Sienne.

Nous avons le droit d'aspirer à nourrir des liens qui nous autorisent à exister tout entiers, foi comprise, sans que ce soit perçu comme un jugement ou une offense, mais nous devons aussi admettre que certaines personnes ne peuvent pas (ou ne veulent pas) nous laisser cet espace et que chercher à les retenir, c’est peut-être prendre le risque ralentir ce que Dieu cherche à accomplir en nous.

La réalité, c'est que je n'ai pas été rejetée pour des qualités que j'avais ou n'avais pas,

Ni parce que je n'étais pas une bonne amie, ou par manque de soutien, de présence ou de loyauté de ma part ; 

Mais parce que je n'avais pas d'autre boussole que Dieu, parce que la solidité de ma foi lui donnait le sentiment de ne pas pouvoir me faire avancer davantage sur le chemin de mes certitudes, parce que c'est Dieu, le centre de ma vie, parce que chacun de mes écrits était ressenti comme un désaveu de ses propres convictions, parce qu'à certains égards, je n'étais pas aussi influençable qu'il aurait fallu.

Il y a des âmes qui, dans nos vies, ne sont que de passage,

Qui laissent une empreinte, 

Et qui poursuivent finalement leur propre chemin.

La voie qui mène à Dieu est une route solitaire. Ce n'est pas grave ; l'essentiel c'est qu'Il marche avec nous.

"En ce moment, est-ce la faveur des hommes, ou celle de Dieu que je recherche? Mon dessein est-il de complaire aux hommes? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur du Christ." - Galates 1:10





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