"Je te montrerai ma foi par mes oeuvres."

 


Je le redis, comme d’usage ; ce que j’Ă©cris ici, je me le dis d’abord Ă  moi-mĂŞme.
C’est une pensĂ©e qui me revient souvent, surtout dans les pĂ©riodes oĂą je peine Ă  prier et oĂą je traverse des dĂ©serts spirituels. Des pĂ©riodes oĂą je me dis que je devrais peut-ĂŞtre me taire, ne plus Ă©crire, ne plus partager ; parce que je ne me sens plus lĂ©gitime. Ă€ quoi bon parler de Dieu, de foi, de vie intĂ©rieure, si je ne reflète pas toujours tout ce que j’Ă©cris ? Je ne veux pas que ma foi devienne une vitrine, comme un bel emballage pour m'attirer les faveurs de ceux qui me lisent. 
Mais je me rappelle assez vite que ce n'est pas le cas, que je n’Ă©cris pas ici comme une sainte, comme une sachante qui s'adresserait Ă  de pauvres âmes, mais comme quelqu’un qui marche et qui chemine ; parfois mal, parfois en trĂ©buchant, mais d'un coeur sincère, parce que j’aime Dieu, parce que je veux Le suivre et parce que je rĂŞve, oui, de devenir sainte.
Alors je me rappelle que mes chutes ne sont pas plus importantes que ma capacitĂ© Ă  me relever, Que ce qui compte, ce n’est pas de ne jamais tomber mais de ne pas dĂ©sespĂ©rer,
De me remettre debout, de reprendre le combat, encore et encore, parce que je sais pour qui je me bats.
Et Ă  ceux qui objectent que la foi seule suffit, je voudrais dire que oui, la foi sauve, mais pas si elle est morte, sans vie, sans Ĺ“uvres, sans amour ; car la foi agit, elle transforme, elle nous pousse Ă  vivre autrement. Nos Ĺ“uvres n’enlèvent rien Ă  la croix du Christ ; elles n’ont de valeur que par Lui, en Lui, par la grâce. Sans la croix, rien ne serait mĂ©ritoire. Mais un cĹ“ur qui croit, qui croit vraiment, ne peut pas et ne veut pas rester passif. Il se donne, il obĂ©it, il aime ; en paroles et en actes. Dieu attend que nous cooperions Ă  notre propre salut ; c'est Ă  cela que nous sert notre libertĂ©.
Alors non, je n’ai pas toutes les rĂ©ponses, mais je veux marcher, lutter, me convertir, chaque jour,
Et si mes mots peuvent servir Ă  d’autres,
Puissent-ils être reçus simplement comme un écho de qui se vit en mon âme.

"Viens comme tu es."
C'est ainsi que Dieu nous appelle. 
C'est ainsi qu'Il nous aime ; tels que nous sommes, dans nos faiblesses et nos misères, sans mérite ni condition préalables.
Mais s'Il le fait, ce n'est cependant pas pour nous inciter à rester tels que nous sommes mais, précisément, pour nous transformer.
Contrairement Ă  ce que certains croient et affirment, la Foi ne se rĂ©duit pas Ă  notre adhĂ©sion, ni Ă  une dĂ©claration d’intention, ce n'est pas qu'un ressenti, et c'est bien plus qu'une Ă©motion ; c'est une exhortation Ă  la conversion. Il ne suffit pas de dire "Seigneur, Seigneur" pour entrer dans le Royaume des Cieux ; c'est Lui qui nous l'a dit.
Ce ne sont pas nos dĂ©clarations pieuses, nos bonnes intentions ou nos Ă©lans passagers qui nous sauveront, mais l’obĂ©issance concrète et persĂ©vĂ©rante Ă  Sa volontĂ©, et toujours au moyen de la grâce ; car sans elle, tout est vain.

La foi qui ne s’incarne pas dans une vie qui tend Ă  s'ajuster Ă  la loi divine est une foi sans oeuvres ; c'est une foi morte. On peut passer sa vie Ă  parler de Dieu, Ă  se revendiquer chrĂ©tien, Ă  frĂ©quenter les sacrements, tout en restant, en rĂ©alitĂ©, centrĂ© sur soi, tiède dans l’âme, stĂ©rile dans les vertus.

Évidemment, ce ne sont pas les Ĺ“uvres elles-mĂŞmes qui sauvent. On ne mĂ©rite pas le Ciel par nos seules actions. On n'achète pas le salut. Ceux qui prĂ©tendent que c'est ce que l'Eglise enseigne, et qui tendent Ă  rejeter toute coopĂ©ration humaine pour rĂ©duire la foi Ă  une simple confiance intĂ©rieure, ne connaissent en rĂ©alitĂ© rien Ă  la doctrine catholique. Car la vĂ©ritĂ© tient ensemble deux pĂ´les : la grâce de Dieu est première, gratuite, mais elle exige une rĂ©ponse, une rĂ©ponse qui se trouve nĂ©cessairement dans une foi vivante et opĂ©rante.

Les Ĺ“uvres sans la foi sont cependant tout aussi vaines et mortes ; on peut faire le bien en apparence, accompagner ceux qui souffrent, donner son argent et son temps, et pourtant ne rien faire de cela en Dieu, ni pour Dieu. Une Ĺ“uvre sans foi n’a aucune valeur surnaturelle, une foi sans Ĺ“uvres est un terreau stĂ©rile. L’une sans l’autre ne vaut pas plus qu'un corps sans âme ; car le salut vient de la foi qui agit, de la grâce qui transforme, de l’amour de Dieu qui pousse Ă  aimer en retour, pas d'un sentiment, ni d'une performance.

L’Évangile ne promet pas le confort, ni l’estime du monde, ni le salut sans combat ; il commande la mort Ă  soi-mĂŞme, le renoncement Ă  l’orgueil, l’amour de nos ennemis, le pardon rĂ©pĂ©tĂ©, l’oubli de soi, le feu contre la tiĂ©deur. Il demande tout, et il ne se contente pas de demi-mesures. C'est pour cela que la porte qui mène au salut est Ă©troite. C'est pour cela que peu la trouvent. C'est aussi pour cela que ceux qui, l'ayant trouvĂ©e, resteront nĂ©anmoins incapables d'y accĂ©der. Il faut oser le dire, respectueusement, fraternellement. C'est ainsi qu'on aime les autres. La charitĂ© consiste Ă  dĂ©sirer pour l’autre, et pour soi-mĂŞme, cette saintetĂ© Ă  laquelle Dieu appelle chacun d'entre nous et sans laquelle nul ne verra le Seigneur. L'amour n'existe que dans la vĂ©ritĂ©.

Il serait donc temps d'arrĂŞter de travestir l’appel du Christ en une formule plaisante et qui n'aurait pas de suite, comme si Dieu n’avait rien d’autre Ă  nous dire que cela : viens comme tu es. Il y a une suite.
"Prends ta croix, renonce Ă  toi-mĂŞme, et suis-moi."
Viens comme tu es n'a jamais signifiĂ© reste comme tu es. Il n’y a pas de vie chrĂ©tienne sans conversion rĂ©elle, sans exercice des vertus, sans combat intĂ©rieur, sans volontĂ© de conformer sa vie Ă  l'Evangile.

On ne naĂ®t pas enfant de Dieu, on le devient, par la grâce, certes, dans les eaux du BaptĂŞme, mais aussi par la rĂ©ponse libre et volontaire l’on y apporte.
C'est en cela que consiste notre liberté,
C'est pour cela que Dieu nous l'a laissée,
Afin que nous la Lui offrirons, cette réponse,
Une réponse qui engage toute notre vie
Et qui ne se mesure pas seulement Ă  ce que l’on dit, 
Mais aussi Ă  ce que l’on fait.

"Dieu t'a fait sans toi, car tu n'as point consenti à être créé par lui. (...) Mais s'il t'a fait sans toi, sans toi il ne te justifie pas. (...)"

- Saint Augustin

Jacques 2:18-26

"Mais on pourrait même dire: "Tu as la foi, et moi, j'ai les œuvres." Montre-moi ta foi sans les œuvres et moi, je te montrerai ma foi par mes œuvres.
Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi..., et ils tremblent!
Mais veux-tu te convaincre, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est sans vertu?
Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu'il offrit son fils Isaac sur l'autel?
Tu vois que la foi coopérait à ses œuvres, et que par les œuvres sa foi fut rendue parfaite.
Et la parole de l'Ecriture s'accomplit: "Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice", et il fut appelé ami de Dieu.
Vous voyez que l'homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement.
De même Rahab, la courtisane, ne fut-elle pas justifiée par les œuvres, quand elle reçut les envoyés de Josué et les fit partir par un autre chemin?
De même que le corps sans âme est mort, ainsi la foi sans les œuvres est morte."


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