Arrête de te comparer aux autres.

 


L'autre jour, assise dans l'herbe, j'ai vu une fleur. 

Elle était blanche, très jolie, minuscule, à peine visible au milieu de l'herbe dense. Je ne suis pas sûre de ce que c'était. En tout cas elle était là, aussi belle que les grands hortensias dont les nuances bleutées n'échappent, elles, que difficilement à nos regards. Ça m'a rappelé ce passage, cette métaphore si juste, cette image si poétique de Sainte Thérèse de Lisieux dans Histoire d'une âme. 

"J'ai compris que toutes les fleurs qu'Il a créées sont belles, que I'éclat de la rose et la blancheur du Lys n'enlèvent pas le parfum de la petite violette ou la simplicité ravissante de la pâquerette... J'ai compris que si toutes les petites fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa parure printanière, les champs ne seraient plus émaillés de fleurettes...

Ainsi en est-il dans le monde des âmes qui est le jardin de Jésus. Il a voulu créer les grands saints qui peuvent être comparés aux Lys et aux roses ; mais il en a créé aussi de plus petits et ceux-ci doivent se contenter d'être des pâquerettes ou des violettes destinées à réjouir les regards du bon Dieu lorsqu'Il les abaisse à ses pieds. La perfection consiste à faire sa volonté, à être ce qu'Il veut que nous soyons..."

Oui, que vous soyez un lys ou un myosotis, Dieu vous a créé, vous, tel que vous êtes. Et même s'il vous fallait être foulé aux pieds et méprisé du monde, Dieu vous verrait et vous aimerait encore. Ne perdez donc pas votre énergie et votre temps si précieux à vous préoccuper ce qu'ont les autres, de ce que la chair, comme un poison, vous pousse à envier et qui, bien souvent, n'obtient jamais que des récompenses toutes terrestres, mais regardez plutôt ce que le Bon Dieu vous a donné, rendez grâce, et faites rayonner Sa lumière dans la pleine essence de ce que vous êtes appelé à être pour Lui rendre gloire et pour obtenir, enfin, la récompense céleste et éternelle qui vous est promise.

Arrête de te comparer aux autres.

Jean 21:20-22

"Pierre, s'étant retourné, vit venir derrière lui, le disciple que Jésus aimait (...).

Pierre donc, l'ayant vu, dit à Jésus: "Seigneur, et celui-ci que deviendra-t-il?"

Jésus lui dit: "Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe? Toi, suis-moi."

La comparaison est une maladie de l'âme lorsqu'elle nous pousse à nous évaluer sans cesse à l’aune d’autrui, comme si notre valeur se décidait ailleurs que dans le secret du cœur de Dieu.

Dieu ne compare pas. 

Il n’aligne pas les âmes comme des candidats à un concours. Il les crée une à une, pensant à chacune, déposant en elles un mystère unique, un appel singulier, une vocation tissée de circonstances, de limites, de dons et de combats qui ne seront jamais exactement les mêmes que ceux d’un autre. Et ce qu'Il attend de nous, ce n’est pas que nous accomplissions les mêmes réussites qu'un autre, que nous atteignons la brillance intellectuelle de celui-ci ou le niveau de richesse de celle-là ; ce qu’Il attend, c’est que nous demeurions en Lui et fidèles à ce qu’Il nous a confié, et à cela seul.

Nous sommes nés dans un temps, un lieu, une famille, une époque, un corps, un tempérament, et rien de tout cela ne relève du hasard ; c’est le canevas de notre sainteté. Car à nous, Dieu ne demande pas d’être saint exactement comme saint François ou comme sainte Thérèse mais de devenir saint comme nous seul pouvons l’être, en répondant, dans la réalité qui est la nôtre, à l’amour qui nous a appelés à l’existence.

La sainteté et les grâces de ceux qui nous entourent ne nous font aucune ombre ; elles glorifient simplement Dieu dans une autre tonalité que la nôtre. Elle ne sont pas un obstacle à notre propre réponse ; le Royaume de Dieu n’est pas une compétition mais une œuvre dans laquelle chacun n’est indispensable que parce qu’il ne remplit que sa propre place.

Quand on se mesure à autrui, c'est un peu comme si on désavouait ce que Dieu veut faire en nous, comme si on s'inquiétait qu’Il se soit montré plus généreux avec l’un qu’avec l’autre. On méprise, en quelques sortes, la grâce qui nous est destinée. 

Il ne s'agit pas de courir après les modèles qui nous inspirent, ni de singer les œuvres des autres ; Il s’agit de discerner, dans le silence, dans la prière, ce que Dieu veut de nous, aujourd’hui, dans l’état de vie qui est le nôtre, avec les limites, les grâces, les blessures et les talents qui nous ont été confiés.

À chacun son œuvre. À chacun sa place dans l’économie du salut. 

Ne cherchez donc pas à reproduire la vocation d’un autre. Cherchez à répondre à la vôtre. Elle est peut-être cachée, laborieuse, obscure ; elle n’en sera pas moins grande si elle vous l'accomplissez dans l’amour. Il se peut qu’elle vous coûte plus que celle que vous admirez ; elle ne sera pas moins source de mérites si vous l'offrez en réponse à la volonté du Père. La seule perspective qui doive vous inquiéter, c’est celle de passer votre vie à courir après un appel qui n’est pas le vôtre.

Dieu ne vous a créés pour que vous vous livriez à une course à l'accomplissement mais pour quelque chose d’unique. Car Il vous connaît par votre nom, Il a pensé votre âme depuis l’éternité, Il vous a confié une mission que nul autre ne peut accomplir à votre place.

Il y a dans le Ciel des saints rois et des saints mendiants, des docteurs et des simples, des martyrs de sang et des martyrs de l'ordinaire. Certains ont obtenu du monde la reconnaissance et d'autres ont arpenté la terre comme des invisibles.

Cherchez donc à savoir ce que Dieu attend de vous, 

Puis faites-le.

Ne vous laissez pas distraire par le monde, ses mensonges, ses vaines gloires.

Détournez les yeux, si ce que vous voyez vous trouble. Détournez-les des réseaux, des beaux discours, abandonnez les comparaisons stériles si elles ne vous servent pas à vous élever et à vous rapprocher de Dieu. Éloignez-vous, si nécessaire, de ceux qui voudraient établir des compétitions là où il ne devrait y avoir que des joies partagées et un désir de s'entraîner mutuellement vers les hauteurs du Ciel. Entrez dans votre intériorité, dans la quiétude de votre âme. Demandez à Dieu de vous montrer ce qu’Il attend de vous ; rien de plus, rien de moins. Peut-être que ce ne sera rien de plus extraordinaire. Peut-être qu'il s'agira de vivre, tout simplement, selon Sa volonté, dans la simplicité du quotidien.

À la fin, il ne vous restera rien, rien que la foi que vous aurez témoignée, l’amour que vous aurez donné et offert, tel que vous pouviez le vivre, dans les limites de votre réalité.

Il n'y en a qu'Un qu'il nous faille contempler et imiter sans relâche ; Celui que le monde a suspendu au bois de la Croix.

Vous n’êtes pas censé faire comme qui que ce soit, hormis Lui,

Vous n’êtes pas censé être aussi bien qu’untel, hormis Lui,

Vous êtes appelé à faire ce que Dieu attend de vous,

Et à devenir saint.

Vous n'emporterez rien dans votre tombe, hormis votre âme, 

N'oubliez donc pas que ce qui brille dans le monde est souvent terne aux yeux de Dieu ; 

Ne cherchez rien tant qu'à resplendir devant Lui, 

Et gardez à l'esprit ces mots de Notre-Seigneur à Saint Pierre se préoccupant de la destinée de Saint Jean : "Que t'importe ? Toi, suis-moi."

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