Je suis une poussière.
C'est une pensée qui me prend, quelques fois, lorsque j'observe le Ciel, cette immensité étendue là, au-dessus, comme un vertige à peine dicible, un sentiment, une sensation à la fois puissante et insaisissable ; celle de ma petitesse face à l'immense et l'infini, face à l'Absolu qui m'a créée, qui m'a aimée, et qui me rend chaque jour le regard que je porte sur Lui.
Je suis une poussière.
Je suis une poussière
dans l’immensité du monde,
un presque rien, presque invisible,
née un jour sans l’avoir voulu,
destinée à mourir sans pouvoir l'empêcher.
Rien ne m’obligeait à être,
je ne suis ni nécessaire, ni le fruit du hasard ;
ma vie prend racine dans la volonté de Dieu.
Je suis pensée, voulue, aimée,
mais si petite que je ne puis contenir la cause de mon existence
et trop limitée pour me donner à moi-même ce dont mon âme a soif.
Il y a en moi une empreinte,
une trace du Ciel,
mais c'est la terre que j'arpente,
petite poussière au milieu du désert,
alors j'ai au-dedans un abîme plus vaste que l’univers,
comme un désir d’Immense,
et un vide que nul ne peut remplir
sinon Celui qui l'a creusé pour mieux le combler.
Je suis une poussière et pourtant
Dieu,
le Très-Haut,
l’Éternel,
a posé son regard sur moi.
L’Absolu s’est penché sur ma misère,
l’Infini s’est incliné jusqu’à moi,
le Tout-Puissant S'est fait Tout-Petit pour que la petite poussière que je suis
soit élevée jusqu’à Lui ;
c'est pour me revêtir de Sa gloire
qu'Il s'est abaissé.
Il n’a pas eu honte de mon néant,
Il a connu mes larmes, Il a porté mes douleurs
et ma chair
Il l’a visitée,
Il l’a habitée,
Il l’a aimée,
d’un amour éternel
qui me précède, qui me soutient, qui me sauve.
Je suis une poussière portée par une main divine,
rachetée au prix du Sang,
promise à la lumière,
précieuse aux yeux de Celui qui tient dans Ses mains l'entièreté de l'Univers.
Je suis une poussière à qui Dieu s'est adressé,
Capable d’éternité,
Finitude visitée par l’infini,
Néant aimé par l'Absolu.
C'est un mystère qui me bouleverse,
et me donne le vertige ;
le Créateur me voit comme si je comptais seule sur la terre,
L'Eternel a entrouvert le Ciel,
Pour moi,
Moi si petite que le monde m'oubliera,
Et si le monde poursuit sa course,
si les siècles passent et m’effacent,
je demeure à jamais
connue,
voulue,
aimée
par Celui qui m'a créée.
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